Les jours de Moubarak au pouvoir sont-ils comptés ?
Après la Tunisie et l’Algérie, c’est désormais l’Égypte qui depuis quatre jours connaît un soulèvement populaire contre son gouvernement. Le mouvement a très rapidement gagné en importance, à tel point que les États-Unis ont qualifié la situation de « très préoccupante ». Les manifestations ont désormais lieu dans toutes les grandes villes du pays, et réunissent plusieurs dizaines de milliers de participants. 80 000 personnes seraient descendues vendredi dans les rues de Port Saïd et, au Caire, le siège du PND, parti au pouvoir, aurait été incendié selon la chaîne de télévision qatarie Al Jazeera.
On retrouve de grandes similitudes avec la situation de la Tunisie au moment de la chute du régime de Ben Ali : une population jeune et diplômée pourtant fortement touchée par le chômage, un manque de liberté critique. Mais contrairement à Ben Ali, Hosni Moubarak dispose encore du soutien de son armée, qu’il vient d’appeler en renfort pour contenir les manifestants. Le dictateur tunisien avait du faire face au refus exprimé par ses généraux de tirer sur la foule, puis avait été contraint de quitter le pays du fait de la pression exercée sur lui par l’armée. Surtout, le gouvernement de Moubarak est un des principaux alliés des États-Unis dans la région, qui ne pourraient pas se permettre de laisser le pouvoir aux mains d’un courant anti-américain, tel que celui des Frères musulmans. Par ailleurs, l’Égypte contrôle le détroit de Suez, joue un rôle majeur dans le dossier israélo-palestinien, et constitue un rempart fort à l’islamisation de la région.
Surtout, ce sont les États-Unis qui furent à l’initiative du départ de Ben Ali. Ils craignaient qu’une insurrection trop longtemps réprimée ne profite que trop aux mouvements islamistes tunisiens. La diplomatie américaine a donc exigé de l’armée le départ du dictateur tunisien dans le souci de ne pas laisser l’islamisme se répandre dans la région. À l’inverse, demander le départ de Moubarak serait laisser le champ libre aux Frères musulmans, qui avaient gagné en 2005 88 sièges au parlement égyptien.
Malgré la violence des manifestations et des heurts avec les forces de l’ordre (on décompte déjà neuf morts depuis mardi), et l’importance croissante des mobilisations populaires, on ne peut donc rien affirmer de certain sur l’avenir du gouvernement d’Hosni Moubarak. Mais rappelons nous que peu de gens avaient parié sur la chute de Ben Ali. Et pourtant …